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Michelin : l'inquiétude gagne du terrain

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:59

"On se sert du chantage à l'emploi pour leur imposer d'accepter des accords de compétitivité, et les salariés font des sacrifices mais à terme, leur site fermera quand même si la direction l'a décidé". C'est ce qu'avait prophétisé le délégué CGT Michelin Hervé Bancel il y a tout juste une semaine au micro de Zoomdici.
Joint par téléphone ce vendredi matin, il reconnaît : "la fermeture du site à la Roche-sur-Yon, on s'en doutait, mais quand même pas aussi vite".
"On a cloné nos usines au Brésil ou en Espagne et cette surcapacité de stock, elle est créée et voulue par Michelin"
Comme quoi, selon le cégétiste, accepter les accords de compétitivité ne garantit pas la sauvegarde de l'emploi : "ils ont accepté des sacrifices face au chantage à l'emploi, avec l'incidence que ça peut avoir sur les vies de famille, en n'ayant plus de week-end, en travaillant en 5x8... mais ça ne suffit pas à maintenir l'activité en France".
Car le coeur du problème, c'est la recherche perpétuelle de compétitivité dans un contexte de mondialisation et si Michelin s'est fait connaître avec ses usines françaises, "aujourd'hui comme nous à Blavozy par exemple, on a cloné nos usines au Brésil ou en Espagne et cette surcapacité de stock, elle est créée et voulue par Michelin". Et comme il s'agit souvent de pays à bas coût, "quand il est question de fermer une usine, on regarde d'abord en France ou en Allemagne et regardez, au Royaume-Uni, il n'y a plus une seule usine Michelin".
----Grève nationale le jeudi 24
"C'est à nous de nous battre pour défendre le site de Blavozy mais aussi tous les autres sites de France et d'ailleurs, le jeudi 24, on a lancé un appel à la grève dans toutes les usines de France pour manifester notre soutien aux collègues de la Roche-sur-Yon".-----"Faire des efforts dans le vide juste pour engraisser un peu plus les actionnaires, il n'en est pas question"
Actuellement, la direction organise des groupes de travail à Blavozy pour améliorer cette compétitivité "mais on voit bien que ça ne sert qu'à pressuriser un peu plus les salariés pendant une poignée d'années et au bout du bout, ils ferment quand même le site, si c'est une volonté stratégique de Michelin". Pour lui, participer à ces groupes, de travail, "c'est donner le bâton pour se faire battre". La CGT demande donc aux salariés de ne pas y participer.
Discuter des accords de compétitivité, "on ne le fera que si Michelin s'engage à la pérennité du site sur une dizaine d'années", précise Hervé Bancel, "mais faire des efforts dans le vide juste pour engraisser un peu plus les actionnaires, il n'en est pas question".
"On a des inquiétudes, mais c'est surtout parce qu'on est gérés par des financiers"
On sait que le site de Haute-Loire est orienté sur le génie civil, un secteur qui offre de belles marges mais "on n'est pas à l'abri", estime le cégétiste, "aujourd'hui, Michelin ne garantit plus les usines sur une dizaine d'années comme il le faisait auparavant donc tout le monde est inquiet un jour ou l'autre mais la peur n'enlève pas le danger".
Sa principale crainte, c'est de voir Michelin instrumentaliser la peur : "ils vont dire attention, si vous ne réagissez pas ce sera vous les prochains. Ils instaurent la peur et bien sûr que les salariés sont un peu dans la crainte. On a des inquiétudes, mais c'est surtout parce qu'on est gérés par des financiers. Même un site qui est viable, s'il y a un centime à aller gagner ailleurs, on ira ailleurs, tant pis si ça doit mettre 700 salariés à la porte".
----Argument de façade
Michelin annonce que les 600 salariés de Vendée vont être reclassés et qu'il n'y aura pas de licenciements purs, que ce ne sera que des reclassements avec de la mobilité. "S'il faut venir de la Roche-sur-Yon jusqu'au Puy, pour en plus une activité partielle, c'est complètement utopique, personne n'accepterait ça, c'est ridicule. Ce n'est qu'un argument de façade", tempête le délégué CGT.-----Un effet dominos qui va impacter d'autres sites de Blavozy, ainsi que les sous-traitants
L'annonce de la fermeure du site vendéen devrait avoir des conséquences plus larges : "l'usine Michelin de Cholet aura une répercussion négative pour 74 emplois car c'est là qu'ils produisent la gomme donc obligatoirement, la quantité de gomme sera moindre, donc moins d'activité, donc moins d'emploi", analyse-t-il.
Il devrait également y avoir une quinzaine d'emplois menacés à Montceau-les-Mines (18), et encore deux ou trois à Vannes (56) donc pour le reclassement, ça va être compliqué puisque ces sites, les plus proches, vont subir des baisses d'effectifs. "Donc ça impacte déjà plusieurs sites autour, sans parler des sous-traitants", précise Hervé Bancel. Un secteur à ne pas négliger car selon nos informations, il y a des entreprises locales qui travaillent à 80 % pour Michelin Blavozy. 
La direction devrait répondre la semaine prochaine
La rédaction de Zoomdici a bien évidemment contacté la direction de Michelin mais à l'heure où sont rédigées ces lignes, aucune réponse ne nous est parvenue... la seule réponse apportée par le groupe, c'est qu'un point presse devrait organisé dès la semaine prochaine sur le site de Blavozy.

Maxime Pitavy

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