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Le premier parc photovoltaïque de l'Agglo du Puy bientôt lancé
Avant la création de la Communauté d'Agglomération du Puy-en-Velay, le site de "la Clé des Champs", adossé au terrain de foot de la commune de Saint-Christophe-sur-Dolaizon, était destiné à faire une zone artisanale mais comme il y avait des captages d'eau, le risque de pollution a contraint les élus communautaires à abandonner ce projet.
Le plus puissant parc solaire d'Auvergne Rhône-Alpes avec tracker
Alors comment valoriser ce terrain, qui n'avait aucun potentiel agricole ou économique ? Dès 2008, la commune vote un projet de parc solaire mais il aura fallu attendre douze ans d'études, d'analyses et de compromis pour voir sortir de terre le plus puissant par solaire d'Auvergne Rhône-Alpes avec tracker (tels des tournesols, les panneaux pivotent et suivent la course du soleil pour un rendement optimal).
La production annuelle escomptée est en effet de l'ordre de 17 000 000 kWh, soit la couverture en besoins énergétiques (hors chauffage) de 4 000 foyers, l'équivalent de 10 % de la consommation de l'Agglomération du Puy. Le bail est signé pour 30 ans, avec possibilité de le renouveler.
> Lire aussi : Lumière sur le plus grand parc solaire de Haute-Loire (VIDÉO)
Un fort potentiel solaire en Haute-Loire ?
Eric Bonnaffoux est le directeur général délégué de Boralex en charge du développement. Contrairement à certaines idées reçues, la Haute-Loire a un fort potentiel solaire, comparable à des territoires du sud-ouest par exemple ?
"C'est absurde de porter un tel projet dans un milieu naturel qui comprend des zones humides temporaires"
Si tout le monde se félicitait de l'aboutissement de ce parc solaire ce mercredi 30 septembre 2020 lors d'une présentation à la presse, diffcile d'occulter les nombreux freins que le projet a rencontrés. "On a eu des recours des écolos et de toute la clique qui, comme d'habitude, ne sont jamais contents", a lancé le président de l'Agglo Michel Joubert dans un franc-parler qui le caractérise.
----Si le projet a pris de temps retard, ce n'est pas forcément que "la faute" des écolos. Simon Burner, de SOS Loire Vivante, précise : "la commission de régulation de l'énergie lance deux appels d'offre nationaux par an et depuis 2017, Boralex n'était pas retenu".-----SOS Loire Vivante et REN 43 (devenu depuis France Nature Environnement) avaient en effet vite tiré la sonnette d'alarme : "c'est absurde de porter un tel projet dans un milieu naturel qui comprend des zones humides temporaires", explique Jean-Jacques Orfeuvre, alors président de REN 43, "alors qu'il y a Les Fangeas à quelques kilomètres qui pourraient accueillir ces panneaux".
Simon Burner, de SOS Loire Vivante, est sur la même longueur d'ondes : "il y a des enjeux sur le sol, la nature, l'eau. Les énergies renouvelables c'est bien mais si c'est pour détruire l'environnement, c'est vraiment idiot". Et Jean-Jacques Orfeuvre d'ajouter : "on accuse les écolos de tout bloquer, c'est n'importe quoi ! On essaie juste de défendre l'intérêt général".
Un compromis trouvé avec une réduction de 22 % de l'emprise du projet
Leurs arguments ont fait mouche et le porteur du projet, la société Boralex, a accepté des compromis en préservant les parcelles concernées et en réduisant l'emprise du projet de 22 % pour une surface finale de 17,7 hectares. Les études avaient effectivement révélé que la zone d'étude initiale était "composée d'un ensemble homogène de prairies ouvertes sans trame bocagère, avec toutefois certaines parcelles qui présentaient des sensibilités pour le milieu naturel, notamment une zone d'intérêt d'amphibiens et de reptiles".
Boralex se félicite donc d'un "consensus entre le projet photovoltaïque et les enjeux du milieu naturel et paysager". C'est d'ailleurs dans cette même logique que la technologie des pieux vissés a été choisie pour les fondations de la structure, afin de "ne pas utiliser de béton ou d'autres matériaux qui imperméabiliseraient le sol et gêneraient la faune et la flore locales".
Notons cependant que dans l'étude d'impact, il est indiqué que la zone initiale comprenait 62 % de zones humides temporaires ou permanentes, soit 14 hectares, qui ne sont pas alimentées par des sources mais par des précipitations. Une partie du parc sera donc bien implanté sur des zones humides mais il existe différents classements de zones humides et celles où le parc est maintenu ont été jugées moins vitales.
Des mesures compensatoires et des acteurs consensuels
Dans une logique ERC (éviter, réduire, compenser), la société Boralex a donc revu sa copie et s'engage à la restauration des zones humides en dehors du site, car elles étaient dégradées. Elle s'engage également à la recolonisation sur deux hectares de la renoncule, une espèce végétale en voie de disparition, et insiste sur sa capacité d'adaptation et de consensus dans ce dossier.
Un compromis et une satisfaction pour SOS Loire Vivante également : "on avait fait un recours car il n'y avait aucune compensation pour les zones humides. Ce recours a été rejeté par le tribunal, car hors délais mais au moins, ça a permis de faire bouger les lignes. Sans notre intervention, il n'y aurait pas eu de mesures compensatoires. On peut s'en féliciter et s'il y a bien un projet où on s'est montré consensuel, c'est celui-la", assure Simon Burner.
De nombreuses péripéties pour faire aboutir le projet, mais la volonté de créer un autre parc solaire ?
Michel Joubert revient au micro de Zoomdici sur toutes les péripéties et les freins au projet qui date de 2008. Des complications qui n'empêchent pas l'Agglo du Puy d'envisager un autre parc solaire à Loudes.
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----Plus de 50 000 € de retombées fiscales pour le territoire
Ce projet présente aussi un réel intérêt financier pour les collectivités, avec des retombées fiscales annuelles de 25 275 € pour le Département, 24 584 € pour l'Agglo du Puy et 4 861 € pour la commune de Saint-Christophe-sur-Dolaizon.
-----Les premiers coups de pioche la semaine prochaine
Les travaux doivent débuter la semaine prochaine avec le terrassement jusqu'à février-mars. Il faudra aussi tirer des câbles pour raccorder l'électricité produite jusqu'à Taulhac. Ce n'est qu'au printemps que les 26 640 panneaux arriveront sur site, pour une mise en service du parc solaire à l'automne 2021. Des travaux qui seront réalisés par des entreprises locales, avec un fort impact pour les entrepreneurs locaux en emplois indirects, en hôtellerie et restauration.
Ce nouveau parc pérennisera un peu plus les 13 emplois actuels de la base de maintenance de Boralex à Chaspuzac, inaugurée en 2011 à 11 km de Saint-Christophe-sur-Dolaizon, et devrait permettre la création d'un emploi. Notons enfin que l'entretien du site sera assuré par le pâturage de moutons de trois agriculteurs du secteur.
Une campagne de financement participatif
Boralex souhaite associer les citoyens à la transition énergétique des territoires, en leur proposant de placer une partie de leur épargne dans le projet photovoltaïque en investissant dans la société intermédiaire "Cigogne" qui regroupera tous les investisseurs citoyens. L'opportunité de redistribuer sur le territoire d’implantation une partie des richesses produites par l’installation photovoltaïque, afin que les habitants puissent bénéficier des retombées économiques générées par l’exploitation d'une ressource naturelle commune : le soleil.
Il est donc proposé aux citoyens d'apporter un peu plus de 40% des fonds propres nécessaires au financement total de l'investissement du projet, évalué à 12M€, en acquérant des actions ordinaires de la société citoyenne "Cigogne", ce qui représente une contribution citoyenne totale d'environ 800 000 €. La collecte est réservée en priorité aux habitants du département d'implantation du projet et de ses départements limitrophes. Elle débute ce mardi 6 octobre 2020, avec des taux très attractifs (4 à 7 %), mais non garantis. Au bout de quatre ans, chaque investisseur doit récupérer ses billes (et les intérêts qui vont avec). Tout le détail pour se renseigner et/ou participer à retrouver ici.
Un soulagement pour la commune de Saint-Christophe-sur-Dolaizon ?
Daniel Boyer est le maire de Saint-Christophe-sur-Dolaizon depuis 2014 (mais déjà dans l'équipe municipale précédente, qui avait voté ce projet). On imagine que c'est un grand soulagement de voir enfin, après une douzaine d'années, ce projet émerger ? Pourquoi ? C'est aussi une rentrée d'argent pour la commune ?
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Un parc solaire, écolo ou pas écolo ?
Reste enfin à savoir jusqu'où ce projet s'inscrit vraiment dans une logique de développement durable. Jean-Jacques Orfeuvre, président de REN 43 lorsque le projet a été débattu, préconise le solaire thermique, une énergie "beaucoup plus propre mais qui n'est pas assez rentable pour les industriels et les pouvoirs publics". Favorable malgré tout au photovoltaïque, il ne cache pas son "inquiétude quant à la question des déchets ultimes", ainsi que sur "les conditions d'extraction de la matière première", qui vient souvent de Chine et qui a donc un impact carbone indéniable.
Le directeur général délégué de Boralex en charge du développement se veut plus rassurant : "un parc solaire, c'est écolo dans la mesure où l'on va alimenter 4 000 foyers en énergie renouvelable (ndlr : hors chauffage), donc c'est très intéressant", nous répond-il, "pour produire un parc solaire, il faut certes des panneaux qui ont un délai d'absorption de leur empreinte carbone qui est très limité dans le temps et les panneaux, à l'issue de leur exploitation, sont recyclables à 97,5 % à travers une filière, PVcycle, sur laquelle le prix des panneaux qu'on achète aujourd'hui est déjà provisionné. Il n'y a donc pas de déchets ultimes".
Selon un rapport de Greenpeeace, "la production de panneaux solaires en Chine, fortement encouragée par les subventions d’État, a explosé ces dernières années et a contribué à faire baisser considérablement les prix, trop souvent au détriment des salarié-es des usines de production et de la nature. Des scandales de rejets massifs dans l’atmosphère de poudre de silicium (matière première de la cellule photovoltaïque, disponible en abondance), et de pollution causée par les opérations de raffinage du silicium ont été dénoncés et documentés au cours des dix dernières années". En revanche, la question des déchets ultimes semblent en effet moins préoccupante : "contrairement aux idées reçues, la grande majorité des panneaux photovoltaïques ne contiennent pas de « terres rares », ces groupes de métaux (utilisés notamment dans des smartphones…) dont l’extraction et le raffinage sont très polluants. La très grande majorité des panneaux solaires sont constitués de silicium cristallin, élément que l’on extrait du sable ou du quartz et qui, comme le verre, est 100 % recyclable".
Maxime Pitavy
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