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Le goudronnage de la Galoche gagne du terrain et inquiète les riverains
"Notre position est claire : on dit stop au goudronnage", expliquent de concert François Verots, Président de l'APEV (Agir pour la protection de l'environnement vellave), Alain Bonnet, secrétaire, et Guy Marec, membre du collectif.
Pour eux, la solution est toute trouvée : "maintenir ce revêtement (ndlr : de la grave) qui satisfait tout le monde", un moyen aussi de réaliser des économies car le goudronnage de Lavoûte-sur-Loire à Saint-Julien-du-Pinet serait de l'ordre de 1,5M€.
----Parmi les revêtements possibles, on parle de grave stabilisée hydraulique. Une solution qui ne satisfait guère les opposants qui l'estiment tout aussi onéreuse que le goudron, et sans davantage d'intérêt.-----Un nouveau revêtement, mais lequel ?
"L’APEV prend acte des déclarations de la Communauté d'agglomération du Puy-en-Velay indiquant que la portion de la Galoche entre Rosières et Lavoûte-sur-Loire ne sera pas traitée comme les autres (goudronnage). L’APEV tient cependant à rappeler son opposition à tout changement du revêtement dans les espaces naturels de la Galoche", pouvait-on lire dans un communiqué fin décembre.
Or il semble pourtant bien dans les tuyaux de modifier le revêtement. Une étude a été confiée au cabinet Indigo et des discussions ont été initiés avec les élus de Rosières, avec des essais de revêtement, "dans le cadre d'une bonne intégration paysagère", nous indique une source de l'Agglo du Puy. Les échantillons ne devraient pas être présentés avant le mois d'avril, une fois les municipales passées.
Que la Galoche reste accessible à tous, sans défigurer le paysage et sans chambouler la faune et la flore
Au rang des motifs d'opposition, les membres de l'APEV citent en premier lieu "la crainte d'être dépossédés de notre Galoche" : si ce nouveau revêtement se confirme, les vélos pourront rouler plus vite sur la voie, avec parfois des pentes à 6 % selon les opposants. "Les marcheurs seront exclus de facto face au danger que présentent ces cyclistes", ajoutent-ils.
Second argument : "ne pas défigurer le paysage", car cette partie de la Galoche est très sauvage et c'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle elle attire autant de touristes. Vient ensuite la question écologique et l'artificialisation des sols, dans un espace naturel sensible, avec toutes les problématiques d'évacuation des eaux et de nuisances pour la faune et la flore.
Voici deux ouvrages d'art de la Galoche, dont l'un dispose d'un revêtement en goudron, l'autre en grave
Lancés dans une "course aux subventions"
Enfin, dernier argument, mais pas le moindre : celui du portefeuille. "Les élus de Rosières annoncent que l'entretien de la Galoche coûte 25 000 € par an, mais on a demandé les chiffres et on ne les a jamais obtenus". Selon l'APEV, ce serait plutôt 5 000 € par an, sachant que l'entretien ne serait pas annuel.
Là où le bât blesse, c'est qu'ils reprochent aux élus de s'être lancés dans "une course aux subventions", car le projet de voie verte leur permettrait de bénéficier de 80 % de fonds publiques (principalement l'Europe, mais aussi la Région et l'Agglo). "Nos élus sont entre le marteau des subventions et l’enclume du désir de la population", résument-ils dans une belle image.
"Le projet d'un homme plus que d'un territoire"
Dénonçant la "Glorial politique" du Président de Région (le projet « Via Fluvia » vise à développer un tracé depuis l’Ardèche jusqu’à la Haute-Loire, en passant par la Loire. En la raccordant à trois autres voies vertes, elle pourrait effectivement devenir "la plus grande voie verte d'Europe", un projet qui tient à coeur à Laurent Wauquiez), les opposants fustigent "le projet d'un homme plus que d'un territoire". L'ancien député-maire du Puy-en-Velay voudrait, selon eux, "un axe uniforme de la Loire jusqu'au Rhône sur l'ensemble de la Galoche pour faire venir du tourisme de masse".
Avec le développement des voies vertes, l’offre touristique du territoire pourrait en effet être radicalement boostée et c'est l'un des objectifs de l'Agglo du Puy. Le développement de la Via Fluvia est un enjeu d’attractivité touristique important pour le territoire de l'agglomération du Puy qui mise beaucoup sur les activités de plein air pour attirer familles et sportifs.
Un levier économique très important
La collectivité veut développer son tourisme "à vélo", complétant ainsi l’offre de randonnée déjà bien intégrée et reconnue. Dans les données glanées en 2017 par la rédaction de Zoomdici, on notait que le tourisme à vélo génère deux milliards d’euros par an dans l’économie nationale et représente 16 500 emplois.
Le marché est particulièrement intéressant car il est en croissance soutenue (plus 10% par an en France) et la dépense moyenne du cyclotouriste (75 euros/ jour) est nettement supérieure à la dépense moyenne du touriste en séjour.
A titre d’exemple, le potentiel économique de la Via Rhôna est estimé à 35 millions d’euros par an, soit 43 000 euros par km et par an pour une infrastructure dont le coût moyen est de 100 000 euros/km.
Prêts à "des actions de désobéissance civile" s'ils ne sont pas entendus
L'APEV compte une cinquantaine de cotisants et environ 2 500 sympathisants (plusieurs milliers de personnes s'étaient rassemblées en novembre 2017) pour dénoncer le goudronnage. Ils demandent une réunion dans les plus brefs délais et une concertation de la population locale avant qu'une décision ne soit prise. Il faudra certainement attendre les municipales. Ils se disent prêts à "des actions de désobéissance civile" s'ils ne sont pas entendus.
Maxime Pitavy
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