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Le bourreau du chien Diabolo jugé au Puy
Devant le tribunal de grande instrance du Puy-en-Velay, ce mardi 20 mai, des dizaines de membres d'associations de protection des animaux étaient réunis. Tous étaient venus voir le procès du bourreau de Diabolo, le beagle qui avait été retrouvé avec la gorge a moitié tranchée après avoir été abandonné dans un pré. L'affaire avait fait grand bruit dans la région, mais également en France suite à l'intérêt de l'émission "30 millions d'amis" qui s'était déplacée en Haute-Loire pour en faire un reportage.
Un lacet de chaussure comme corde de pendu
Le 27 octobre dernier, un riverain gare sa voiture à côté de la gare du Puy, au niveau de l’avenue des belges. Cela fait quelques jours qu’il entend des aboiements et que ces derniers se font de plus en plus faibles. Intrigués, il s’infiltre dans le trou d’un grillage qui mène à un champ déserté, masqué de la vue des passants par un épais taillis. Là, attaché à un arbre avec un petit bout de ficelle qui lui lacère le cou, il trouve un beagle au bord de la mort. Le chien n’a visiblement rien mangé depuis plusieurs jours : il est cadavérique, ne peut lever la tête et a une plaie de 20 à 30 cm au niveau de la gorge. Le lacet de chaussure qui lui sert d’attache lui empêche d’être autrement qu’assis. En cherchant à s’en libérer, il s’est égorgé, mettant à l’air les veines jugulaires.
13 jours de calvaire ?
Le riverain coupe la corde, l’amène chez le vétérinaire et contacte la SPA. Diabolo a aujourd’hui complètement récupéré et ses cicatrices se cachent derrière l’épaisseur de son poil. Mais Diabolo est un miraculé : selon l’avocat de l’une des parties civiles, le chien serait resté 13 jours attaché dans ce près, sans boire ni manger (du 14 au 27 octobre, jour de sa découverte). « Deux semaines sans se nourrir, c’est possible. Mais on se rapproche des records », nous a confirmé un vétérinaire local. Le bourreau présumé de ce beagle, un homme de 33 ans, l’aurait abandonné le 14 mars après que le propriétaire attitré du chien le lui ait confié, sous prétexte que Diabolo ne s’entendait pas avec la chienne du prévenu.
----Depuis avril, les animaux sont « des êtres vivants et sensibles »
Le 15 avril dernier, via l’adoption d’un amendement socialiste à l’Assemblée nationale, les animaux sont désormais considérés comme des « êtres vivants doués de sensibilité ». Jusqu’à présent, le code civil les considérait comme « des biens meubles », et cela depuis Napoléon - seuls le code rural et le code pénal les reconnaissent comme « des êtres vivants et sensibles », ce qui permettre jusque là de condamner les auteurs de violence animale. Cette modification législative découle d’une pétition lancée il y a près de deux ans par la fondation de protection des animaux, "30 millions d'amis", qui a recueilli plus de 300 000 signataires.-----Une salle comble, trois avocats, et un chien
Le prévenu n’était d’ailleurs pas présent, ce mardi 20 mai, lors de son procès. Au total, il compte sept mentions à son casier judiciaire pour vol aggravé, violence sur concubine, stupéfiants et… détention de chien dangereux sans autorisation. L’audience était bien là, elle : plus un siège n’était disponible dans le tribunal de grande instance du Puy. Même Diabolo avait fait le déplacement et a été présenté à la présidente de l’audience, sous les émois d’un public attendri par le moindre éternuement canin. Selon l’avocat de l’association Stéphane Lamart et de la SNDA (Société nationale pour la défense des animaux), c’est « une première en France qu’un animal victime puisse être présent dans le tribunal où est jugé son dossier ». Au total, trois avocats représentaient les intérêts de cinq parties civiles ce mardi.
Six mois de prison demandés par le Procureur
« On est face à un individu dénué d’émotion. Rien ne justifie les faits reprochés aujourd’hui. » Tour à tour, les plaidoiries des parties civiles accablent l’agresseur qui n’a pas fait le déplacement - il n’a d’ailleurs jamais mis les pieds au tribunal de sa vie, malgré ses sept condamnations. Les réquisitions d’Yves Dubuy, vice-Procureur du Puy-en-Velay, font écho aux dires des parties civiles. « Comment peut-on arriver à des actes d’une telle barbarie, d’une telle cruauté ? » Le Ministère public trouve dans le passé du prévenu les justifications de sa violence : « Il ne pouvait plus posséder de chien dangereux, donc il a pris Diabolo. Mais Diabolo ne correspond en rien à l’animal d’attaque utile quand l’on est dans le trafic de stupéfiants. Diabolo s’entend même bien avec les chats. » Le lacet, c’est pour « punir le chien de ne pas avoir les caractéristiques de la bête d’un marchand de mort ». Le vice-Procureur demande six mois de prison, dont trois assortis d’un sursis, avec la confiscation de Diabolo, l’interdiction à vie d’avoir des animaux et la confiscation de ceux qu’il possède déjà.
Le jugement sera rendu le 17 juin prochain.
A.L.
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