Colère agricole : actions coup de poing de la Coordination Rurale
Tous
La présence du loup en Haute-Loire est pratiquement confirmée
Si, officiellement, la préfecture prend ses précautions (voir ci-dessous) dans l'attente des résultats, sous une semaine, des prélèvements, effectués lundi matin par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, le président de la Chambre d'agriculture de la Haute-Loire, Laurent Duplomb, assure que le préfet, lui-même, le lui a confirmé personnellement, à 100%, dès ce mercredi soir.
Des bêtes traumatisées
Dans la nuit de dimanche 12 à lundi 13 octobre 2014, une quinzaine de brebis noires du Velay ("Neira") sur un troupeau de 33 bêtes ont été attaquées dans un pâturage près de Pradelles. Trois de ses bêtes sont mortes, dont deux dévorées jusqu'au squelette, deux autres ont dû être piquées (les bêtes ont été retrouvées, les viscères sorties du vente, encore vivantes) et dix autres sont si grièvement blessées qu'elles ont peu de chance de survivre. Quant à celles qui ont assisté à la scène mais s'en sont sorties indemnes, elles sont traumatisées. Et là, le préjudice n'est pas réparable, comme l'explique Laurent Duplomb : « les pertes économiques ne sont pas toutes indemnisées car les assurances remboursent les bêtes mortes mais pas les blessées, physiquement ou psychologiquement, et ça fait des animaux difficile à conduire ».
Comme un cambriolage
Sans compter le choc psychologique pour l'éleveur lui-même. Le président de la Chambre d'agriculture n'hésite pas à comparer l'expérience à un cambriolage : « c'est comme si vous aviez retrouvé votre chien de compagnie égorgé dans votre cuisine et que vous aviez peur de vous faire cambrioler de nouveau tous les trois jours. Dans beaucoup de départements où il y a des attaques de loup régulières, il y a des éleveurs qui ont jeté l'éponge, qui ont arrêté leur activité. »
De son côté, le propriétaire, Aurélien Teyssier, du Gaec du Panorama, à Saint-Etienne du Vigan, est atterré. Il n'était pas contre le loup avant cette attaque. Maintenant c'est différent.
{{audio}}
L'homme également menacé ?
Pour Laurent Duplomb, si nos ancêtres ont éradiqué le loup c'est qu'il était incompatible avec l'activité humaine. Un discours qu'il tient depuis des mois mais il avait le sentiment de se heurter à un mur : « c'est comme pour les nitrates, le dogme écologique est partout. Il n'y a que dans les livres pour enfants que le loup est dangereux ». Il estime même que ce dogme écologique a mené à des conclusions qu'il conteste. « L'attaque de ce week-end est considérée comme la première du loup en Haute-Loire, mais il y en a eu d'autres, simplement elles ont été attribuées à des chiens errants », affirme-t-il. Et de se faire alarmiste : « dans les départements où le loup est largement présent, ce n'est pas que les ovins qu'il attaque, c'est aussi les veaux, les vaches, les chevaux... et moi, personnellement, je suis persuadé qu'un jour il s'attaquera aux hommes ».
Un animal rusé
En juillet, l'Assemblée nationale a autorisé les éleveurs à abattre, dans certaines zones du territoire et sous certaines conditions, des loups protégés. Pour Laurent Duplomb, ce n'est pas suffisant : « on se moque du monde ! Déjà, il faut un permis de chasse, or tous les éleveurs n'en ont pas. Et puis, le loup c'est un animal très difficile à percevoir, il attaque de nuit, il est malin... » Quant aux mesures de sécurité que l'on peut mettre en place, elles ne réduisent pas les attaques selon le président de la Chambre d'agriculture car « le loup les contourne par sa ruse ».
Une manif' et une demande formelle
La FDSEA43 compte demander un plan d'éradication au préfet. Elle annonce ce jeudi midi qu'elle organisera une manifestation devant la préfecture lundi prochain avec les JA (Jeunes agriculteurs).
Quant à Laurent Duplomb, il a rendez-vous en préfecture ce mardi et compte également demander, officiellement, l’éradication du loup en Haute-Loire.
Annabel Walker
- Le communiqué de la préfecture ce jeudi midi :
"Dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 octobre 2014, un troupeau de brebis a été attaqué sur la commune de Pradelles (5 animaux tués et 8 grièvement blessés). L’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) s’est rendu immédiatement sur site, dès lundi matin, afin d’effectuer les constatations qui permettront de déterminer les circonstances et origines de l’attaque. Il existe de fortes présomptions pour que le loup, dont la présence est avérée dans les départements voisins de l’Ardèche et de la Lozère, soit responsable de cette attaque. Il convient désormais d’attendre les conclusions de l’expertise officielle qui sont attendues sous une semaine.
Si cette expertise conclut que la responsabilité du loup dans cette attaque ne peut pas être exclue, les dommages sur le troupeau seront indemnisés selon la procédure nationale qui sera alors rapidement activée. Les autres dispositifs prévus au plan national « loup » seront dans ce cas eux-mêmes déployés dans les plus brefs délais et en toute transparence.
Sans préjuger des conclusions de l'expertise en cours, le Préfet de Haute-Loire réunira les professionnels agricoles et les services de l’État concernés dès la semaine prochaine, avant d’installer un comité départemental « loup » étendu à l’ensemble des parties prenantes."
- Le communiqué de la FDSEA et des JA ce jeudi après-midi :
"Après avoir colonisé l’ensemble de la Lozère et de l’Ardèche, notre département subit aujourd’hui l’inexorable avancée du prédateur : un éleveur de Saint-Etienne-du-Vigan vient en effet de subir la première attaque avérée de loups sur ses brebis. Résultat : des cadavres dévorés, des moutons avec de nombreuses morsures (certains ayant dû être euthanasiés), et dans tous les cas, l’ensemble du troupeau complètement traumatisé, avec des conséquences désastreuses sur le long terme sur la santé des animaux.
Imaginez seulement la souffrance de cet éleveur, qui voit son travail, sa passion, détruits en une seule nuit ! Le préjudice moral et financier est immense, et une éventuelle indemnisation ne saurait le réparer.
Imaginez seulement la souffrance de ces brebis … à l’heure où les agriculteurs se voient imposer des normes et une réglementation draconiennes au nom du bien-être animal, où le Parlement veut modifier le statut de l’animal dans le code civil, pour en faire un « être doué de sensibilité », quelle est la cohérence avec le fait de laisser ce prédateur pulluler et dévorer à loisir les troupeaux ?
Cette situation est inacceptable ! La FDSEA et les JA avaient prévenu à plusieurs reprises : les éleveurs de Haute-Loire ne toléreront pas le loup ! L’activité d’élevage est clairement incompatible avec la présence du loup. Nous refusons que nos animaux soient sacrifiés et demandons purement et simplement l’extermination du loup sur notre territoire.
Nous avons d’ores et déjà demandé un rendez-vous au Préfet pour lui faire part de notre position ferme : nous exigeons que l’abattage du loup soit autorisé immédiatement en Haute-Loire. S’il le faut, nous nous associerons avec nos départements voisins également touchés et les chasseurs.
Nous appelons également tous les éleveurs à se rassembler devant la Préfecture du Puy-en-Velay lundi prochain, 20 octobre, à 11h, pour montrer notre détermination."
- > Lire nos articles précédents sur le sujet
Les agriculteurs en ont marre du grand méchant loup Date : 23/08/2013
A Langogne, les éleveurs de Haute-Loire manifestent contre le loup Date : 22/08/2013
Vos commentaires
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire