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Haute-Loire : les profs en grève contre la réforme des collèges
Ce mardi 19 mai 2015, les enseignants des écoles, collèges et lycées, dans toute la France, étaient appelés à faire grève contre la réforme du collège. En Haute-Loire, six syndicats (SNES-FSU, SNEP-FSU, SN-FO-LC, SNETAAFO, CGT Educ’action et SUD Éducation) manifestaient à 10h30, devant l'Inspection d'académie à Vals près Le Puy, avant qu'une délégation ne soit reçue.
La réforme engendrerait, selon les syndicats grévistes, davantage d'inégalités entre les élèves, aggraverait les conditions de travail et mettrait en concurrence personnels, disciplines et établissements. Le tout en instaurant un "nivellement par le bas", avec "une diminution déguisée des horaires disciplinaires".
La droite critique cette réforme alors qu'elle a contribué à affaiblir le système scolaire français
Une cinquantaine de personnes s'est mobilisée à Vals ce mardi matin mais le taux de grévistes fait état d'une plus importante mobilisation, avec 27,3 % de grévistes dans l'ensemble de l'académie de Clermont-Ferrand, selon le rectorat. Sur place, de nombreux enseignants nous ont précisé que leurs collègues n'étaient pas venus manifester pour ne pas faire le jeu politique de la droite, qui critique abondamment cette réforme alors qu'elle a également contribué à affaiblir le système scolaire français lorsqu'elle était au pouvoir, en supprimant notamment de nombreux postes, alors que l'une des principales revendications porte justement sur les effectifs d'élèves, trop importants par rapport au nombre d'enseignants mis en face.
----Le chiffre de la mobilisation des enseignants contre la réforme du collège a été dévoilé ce mardi 19 mai 2015 en fin de matinée : 27,23 % de grévistes dans les collèges de l'académie de Clermont-Ferrand selon le rectorat. C'est sensiblement la même chose qu'au plan national avec 27,6 % de grévistes selon le ministère. Mais le principal syndicat annonce plus de 50 %.
-----Rappelons en effet que le taux d'encadrement moyen dans les collèges de Haute-Loire est de 24,66 exactement. Devant l'inspection d'académie, les syndicats ont protesté : "pour nous, il faudrait 20 élèves par classe pour des conditions d'enseignement acceptables, qui permettent de bien prendre en charge les élèves en difficulté, alors que le rectorat préconise plutôt 30 élèves par classe". La France consacre 6 % de son PIB à l'education Nationale, "on est bien loin derrière nos voisins européens", déplorent les syndicats, qui ajoutent : "rien ne changera sans réels moyens pour l'Education Nationale. Où sont les 60 000 postes promis ? On n'en a toujours pas vu la couleur".
L'option euro, "pas du tout élitiste"
Dans l'oeil du cyclone contestataire, on a beaucoup parlé de la suppression des classes bilangues, l'option européenne se transformant en EPI. Sous forme d'option, elle permettait de faire deux heures d'anglais de plus par semaine. Pour beaucoup, c'était un moyen de permettre aux meilleurs élèves de bénéficier d'un enseignement supplémentaire et de qualité, dans une classe formée "d'élites". La réforme de Najat Vallaud-Belkacem vise une école plus égalitaire mais la droite dénonce la "destruction de la méritocratie" et l'amorçage d'un nivellement par le bas.
- Ce n'est pas du tout le point de vue de Claire Bertrand, enseignante d'anglais et de l'option euro au collège de Corsac à Brives-Charensac, qui assure que ce ne sont pas des classes d'élite mais au contraire un moyen de permettre à tous de progresser en anglais.
- Quelles seront concrètement les conséquences au collège de Brives-Charensac si l'option est retirée à la rentrée 2016 ?
----C'est suffisament rare pour le souligner : des enseignants du privé étaient également en grève ce mardi en Haute-Loire.-----Ne pas oublier les mathématiques
On a beaucoup parlé des classes bilanges, de la deuxième langue vivante, du latin ou du grec, mais finalement très peu des mathématiques. Pourtant, cette matière est également impactée par cette réforme, car le programme est réduit d'environ un tiers.
- Loïc Belin, professeur de mathématiques au collège Lafayette du Puy-en-Velay, trouve le nouveau programme de mathématiques scandaleux en terme de suppression de notions.
- Risque-t-on de s'orienter, avec cette réforme, vers une école à deux vitesses ? Avec un risque de favoriser l'enseignement privé ? Ont-ils le droit de garder leurs sections européennes, comme ils annoncent qu'ils vont le faire ?
Le point de vue de l'Inspecteur d'académie
Najat Vallaud-Belkacem entend toujours mettre en œuvre sa réforme à la rentrée 2016. Le texte prévoit, entre autres, l'apprentissage de la deuxième langue vivante dès la 5ème (et par conséquent l'abandon des classes bi-langues dès la 6ème qui ne profitaient qu'à 16% des élèves) ou encore un accompagnement personnalisé à partir de la 6ème.
En Haute-Loire, certaines de ces mesures ont déjà été testées. Pour l'Inspecteur d'académie, Jean-Williams Semeraro, le département n'est pas le dernier à se bouger, comme il l'avait expliqué à Quentin Lachèse de Nostalgie Puy-de-Dôme.
Jean-Williams Semeraro, en explique les grands principes.
Maxime Pitavy
> Tout savoir sur la réforme : le vrai / faux, les infographies...
Collège : L'enseignement catholique favorable à la réforme http://t.co/6JQGUqrEpq
— J-Williams Semeraro (@JwSemeraro) 19 Mai 2015
- L'appel national à la grève
Sept syndicats d'enseignants sur neuf appellent à la grève, soit 80% des effectifs. Les organisations syndicales SNES-FSU, SNEP-FSU, SNALC-FGAF, SNETAA-FO, SNFO- LC, CGT Educ’action et SUD Éducation "font le constat du maintien d’une réforme du collège contestée par la majorité des enseignants et rejetée au CSE par des organisations syndicales représentant plus de 80 % des enseignants du second degré. Elles continuent à demander le retrait de cette réforme fondée sur l’autonomie des établissements et la multiplication des hiérarchies intermédiaires sous l'autorité du chef d'établissement et la reprise de discussions sur de nouvelles bases pour la réussite de tous les élèves. Sans répondre aux véritables besoins du collège, cette réforme ne ferait, en outre, si elle était mise en oeuvre en 2016 qu'engendrer davantage d'inégalités entre les élèves, aggraver les conditions de travail des personnels, mettre en concurrence personnels, disciplines et établissements. Dans un contexte déjà largement dégradé pour tous les personnels, elles appellent à poursuivre les mobilisations en cours, débattre en AG des conditions de l'amélioration du collège, multiplier les formes d'action et se mettre massivement en grève le 19 mai."
- La ministre défend sa réforme
Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
"Après des années qui ont vu sa place et son rôle mis en cause à mesure que ses moyens s’amoindrissaient et que sa performance se dégradait, l’école est engagée dans une refondation globale qui est au coeur du redressement de notre pays voulu par le Président de la République. L'enjeu de cette refondation tient dans ce double défi de rétablir la performance du système éducatif, en assurant la réussite du plus grand nombre et en luttant contre le déterminisme social, et de rendre à l’école sa mission de transmettre et de faire partager les valeurs de la République. La loi du 9 juillet 2013 a déjà permis d’engager des évolutions positives, concentrées sur le premier degré, là où se forment les premières inégalités d’apprentissage. Aujourd’hui, nous devons prolonger la refondation en imaginant une nouvelle organisation du collège, opérationnelle dès la rentrée 2016. Les évaluations nationales et internationales sont sans appel : le collège aggrave la difficulté scolaire, particulièrement dans les disciplines fondamentales. Sans mettre en cause la compétence et l'engagement des enseignants, force est aujourd’hui de reconnaître lucidement que le collège cristallise les défauts de notre système éducatif. Il est profondément inégalitaire, triant les élèves davantage qu’il ne les accompagne dans la réussite. Il est monolithique dans son approche disciplinaire, suscitant parfois l’ennui, voire la perte du goût pour le travail et l’effort. Il est inadapté au développement des compétences indispensables à la future insertion des collégiens et peu efficace sur l’orientation et la lutte contre le décrochage. En définitive, le collège actuel est souvent peu motivant pour les élèves, anxiogène pour les parents et frustrant pour les professeurs, auxquels il ne laisse que peu d’autonomie. Pour sortir de l’impasse actuelle, qui annihile la promesse républicaine d’égalité de l’école, et redonner sa pertinence, 40 ans après sa création, à l’ambition républicaine du collège unique, j’ai engagé une démarche pragmatique et globale. Pragmatique, parce que je veux d’abord partir de ce qui marche déjà sur le terrain, libérer les capacités d’initiatives des enseignants et leur traduire cette confiance et ce soutien dans une nouvelle organisation plus responsabilisante et collective. Globale, parce que nous devons repenser en même temps les contenus, les pratiques d'enseignement et l’organisation pédagogique pour répondre aux enjeux du collège de 2016, qui devra mieux enseigner les savoirs fondamentaux, former à d'autres compétences et assouplir le fonctionnement quotidien pour sortir de l’uniformité et s’adapter à la diversité des besoins des élèves. C’est cette réforme que vous présente le dossier suivant. Une réforme porteuse d’un impératif qui est plus qu’une ambition : assurer un même niveau d’exigence pour que tous les élèves acquièrent le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, par une priorité centrale donnée à la maîtrise des savoirs fondamentaux. C’est cet impératif qui guide la refonte de l’ensemble des programmes engagée en cohérence avec le nouveau socle commun. Des programmes plus clairs pour des compétences et des savoirs fondamentaux mieux identifiés et mieux enseignés, c’est l’intérêt partagé des professeurs et des élèves. C’est ce même impératif qui doit nous conduire à améliorer la façon de transmettre pour les professeurs et d’apprendre pour les élèves, en donnant aux équipes une marge de manoeuvre de 20 % du temps d’enseignement, dans le respect des horaires disciplinaires. Ce temps dédié à un apprentissage différent des savoirs fondamentaux, par le travail en petits groupes, des enseignements pratiques interdisciplinaires ou un accompagnement individuel particulièrement renforcé en 6e, est au coeur de la nouvelle organisation du collège. Il répond aux défis pédagogiques du collège de demain, qui nécessitent des apprentissages en rapport avec les formes simples et coopératives d’accès aux savoirs de notre société. Dans le même esprit, le développement du numérique dans toutes ses dimensions, l’apprentissage d’une première langue vivante dès le CP puis d’une seconde langue vivante dès la 5e correspondent à leur importance décisive dans la vie sociale et le monde du travail contemporains. Avec cette réforme qui pour la première fois concerne simultanément les programmes et les méthodes d’apprentissage, je veux que le collège permette à tous les élèves de « mieux apprendre pour mieux réussir », en maîtrisant les savoirs fondamentaux et en développant les compétences du monde actuel. Qu’il permette également de mieux apprendre avec plus de confiance dans les enseignants, plus d’autonomie pédagogique, plus de capacité d’adaptation aux besoins divers des élèves. Qu’il soit enfin un collège de l’épanouissement et de la citoyenneté, qui crée du commun et fasse vivre les valeurs de la République. La consultation qui s’ouvre doit permettre de rassembler et de mobiliser l’ensemble de la communauté éducative vers ce collège de 2016, plus performant pour la maîtrise des savoirs fondamentaux, plus stimulant pour les élèves sur la manière d’apprendre, plus confiant dans l’autonomie renforcée des équipes éducatives, plus adapté aux nécessités du monde de demain, plus soutenant pour tous les élèves afin d’accompagner la réussite du plus grand nombre."
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