Face au virus, les agents de sécurité modifient leur activité

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:04

Le masque bien plaqué sur le visage, Alain Soleilhac poursuit sa mission normalement depuis le début du confinement. Normalement ? Pas tout à fait pour cet agent de sécurité qui exerce ce métier depuis une trentaine d'années pour le compte de la société Velay Sécurité.
"C'est sûr que ça change pas mal de choses", témoigne-t-il, "en plus de nos missions principales (ndlr : assurer la sécurité du magasin), on vérifie aussi les lignes de caisse pour que les distances de sécurité soient bien respectées et quand il y a un fort afflux, on appelle vite d'autres caissières pour fluidifier".

Apporter un masque à un client qui tousse, bloquer les clients à l'entrée s'il y a trop de monde...
Subtile jeu de funambule en effet pour les grandes surfaces qui essaient d'avoir le maximum de clients, tout en devant veiller à bien faire respecter les distances de sécurité. "Parfois, on bloque les clients à l'entrée du magasin s'il y a trop de monde à l'intérieur", relate Alain Soleilhac, qui intervient essentiellement au magasin Intermarché de Chadrac, "au départ, c'était pas trop notre travail, mais on s'adapte".
S'adapter, c'est en effet le lot de tous ceux qui maintiennent leur activité en cette période de crise sanitaire. "Si on voit quelqu'un qui tousse dans le magasin, on lui apporte un masque", cite-t-il en exemple. Idem lorsqu'il doit procéder à une interpellation (pour un vol par exemple), il se présente muni d'un masque à l'attention de la personne interpellée. Il doit également nettoyer et désinfecter tous les jours son poste de surveillance (cf photo 3), car ils sont trois à y intervenir en rotation.


Il intervient sur les lignes de caisse pour que les distances de sécurité soient bien respectées. Photo DR Maxime Pitavy / Zoomdici.fr

Des sites fermés à surveiller, de l'aide aux urgences... mais la perte de tout l'événementiel
Si la grande distribution fait partie des rares secteurs plutôt épargnés par la crise (baisse d'affluence en magasin mais avec des paniers moyens plus élevés et surtout une forte augmentation des commandes drive), il en est de même pour les sociétes de surveillance, de gardiennage et de protection.
"On est davantage sollicités", explique l'agent de sécurité, "avec des sites fermés à surveiller mais aussi des prestations nouvelles, comme aux urgences de l'hôpital du Puy par exemple, ce qui nous fait plus de clients et plus d'activités... ça compense ce que l'on perd sur l'événementiel".

----Globalement moins de vols
"L'avantage avec le confinement, c'est qu'on a moins de personnes qui viennent des pays de l'Est dans le magasin", raconte-t-il en guise d'anecdote, "parce qu'encore au début du confinement, on a eu des personnes qui venaient de l'Ain que l'on a attrapées en flagrant délit. On se demande comment ils avaient pu venir jusqu'ici... Mais bon globalement, on a moins de monde en magasin et moins de vols".-----"Avec mon âge avancé, je fais attention"
S'il le dit un peu en rigolant, on sent bien qu'Alain Soleilhac, 65 ans au compteur, n'est pas tout à fait rassuré. "J'ai une certaine crainte, bien sûr, on est à l'abri de rien, mais j'essaie de la dissimuler", tranche-t-il, alors qu'il est effectivement en contact avec le public tous les jours. Équipé par le magasin de gants et de masque (il les change tous les jours), il essaie de respecter les distances de sécurité lors de ses régulières rondes dans les rayons.
"On est confrontés au virus, mais pas comme les soignants non plus", tempère-t-il, "ils méritent plus que nous. Qu'est-ce qu'on ferait sans eux ? Il faut leur dire un grand merci car ils doivent être très fatigués, donc plus susceptibles que nous à contracter le virus en plus".

"On contribue à notre modeste échelle à faire tourner le pays, même au ralenti"
Pas question donc de noircir le tableau pour cet agent de sécurité expérimenté, qui se dit "content" de continuer à travailler : "ce serait difficile de rester à la maison en chômage partiel... ici, au moins, on se sent utile, on contribue à notre modeste échelle à faire tourner le pays, même au ralenti".
Altruiste, il ajoute : "bien sûr, j'ai une pensée pour tous ceux qui ne peuvent pas et à qui on impose des périodes de chômage partiel. Et puis il y a tous ces métiers qui sont encore plus au front et qui n'éprouvent pas les mêmes difficultés psychologiques. C'est pour ça notamment qu'on a mis en place l'opération des caddies de la solidarité".

Maxime Pitavy

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