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En immersion dans la prison du Puy
Ce jeudi 13 février, nous avons accompagné un groupe de 27 formateurs et responsables en centres pénitentiaires, en provenance de toute l'Europe, en visite à la prison du Puy. Immersion dans les cellules de la maison d’arrêt ponote.
Des détenus formés à l’art de la cuisine
Au sein de l’établissement pénitentiaire du Puy, différents parcours de formation sont proposés par une équipe enseignante composée d’un instituteur et de professeurs d’anglais, de physique et de prévention santé environnement. Également, une formation au CAP cuisine est animée par le Greta en collaboration avec les enseignants et un professeur de cuisine : huit places sont proposées au même moment et sur les huit stagiaires qui ont participé à la formation en 2013, sept d’entre eux ont validé leur certificat. « Ils le font en neuf mois. Il n’y a pas de stage pratique du coup, mais ils préparent les repas pour les autres détenus », nous précise Pierre Carrolaggi, responsable au département Conseil-Récherche-Innovation du Greta du Velay.
Six pays différents représentés
C’est pour en apprendre davantage sur cette formation - et pour échanger sur le thème de l’insertion professionnelle des détenus - que ces 27 « touristes », formateurs et personnels pénitentiaires, ont fait le déplacement jusqu’en Haute-Loire. « L’idée c’est de voir comment on peut l’améliorer : comment eux fonctionnent, comment eux ont l’habitude de travailler… Parce que c’est jamais parfait », explique Pierre Carrolaggi. Le Greta du Velay a mis en place un projet européen (partenariat éducatif Grundtvig) pour favoriser l’insertion professionnelle des (ex)-détenus. Le projet VIP (Vocational intergration of prisoners, comprendre Intégration professionnelle des prisonniers) associe ainsi des représentants de l’administration pénitentiaire et des organismes qui interviennent en prison pour former et développer des activités préparant à l’insertion professionnelle. Cinq pays de l’Union européenne (Espagne, Autriche, Italie, Roumanie et Pologne), et la Turquie, sont impliqués.
----La prison, en chiffres :
La capacité théorique de la prison du Puy est de 32 cellules pour 69 lits. Actuellement, 65 détenus y sont hébergés et le taux d’occupation est de 180%. La maison d’arrêt du Puy n’accueille jamais de longues peines : la durée moyenne d’un séjour est de 3 mois et 18 jours ; le plus long séjour de l’histoire de la prison est de 15 mois, nous a précisé Michel Wagner, le chef d’établissement. 17% des détenus y sont pour des faits de violences volontaires, un peu moins de 15% pour des histoires de stupéfiants et près de 14% pour des vols simples ou qualifiés. 24 gardiens de prison, répartis en six équipes de quatre, sont en place pour assurer le contrôle et la surveillance des effectifs de la maison d’arrêt ponote. -----« Une personne qui se forme, c’est une personne motivée pour le faire »
« Ces échanges permettent d’améliorer la prise en charge, dans le cadre de la formation, des détenus », estime Michel Wagner. Ce projet permet aux formateurs et aux responsables de connaître d’autres contextes et d’autres expériences, par des visites, des échanges et des groupes de travail sur les pratiques de formation professionnelle en milieu fermé. Chacun mène une réflexion sur ses pratiques pour les améliorer à partir de l’expérience des autres. L’objectif général est d’améliorer l’accès à la formation et la (ré)insertion professionnelle. La table ronde qui a précédé la visite a permis « d’aborder les règles élémentaires françaises d’incarcération » mais aussi du « rôle qu’a le juge d’application des peines dans les aménagements de peine », aménagements de peine qui sont favorisés par ces formations et qui mènent à la libération anticipée du détenu. « En France, et au Puy, c’est une démarche volontaire. Une personne qui se forme, c’est une personne motivée pour le faire. En Turquie notamment, c’est pas le cas : ils le font juste pour s’occuper », constate le représentant du Greta.
« Des gens qui n’ont pas eu beaucoup d’aide »
« L’approche de la personne détenue est différente, parce qu’on va vraiment l’analyser, on va voir où se situe le besoin et on va essayer d’y trouver des réponses. On va être beaucoup plus assidu, beaucoup plus conservateur, on va beaucoup plus personnaliser la formation. On se donne peut-être plus de moyens », souligne le responsable de la maison d’arrêt. Les détenus seraient donc des « privilégiés » quant à l’attention qu’on leur porte ? « Comme ils l’ont pas été avant, qu’ils ont un énorme retard, peut-être. Mais on part de très loin. Ce sont des gens qui n’ont pas forcément eu beaucoup d’aide à un moment donné. » Pour Michel Wagner, cette formation est essentielle dans la lutte contre la récidive : « C’est permettre à la personne d’être libérée dans de meilleures conditions et d’avoir des chances, quand elle est libérée, de travailler et de s’insérer dans la société. C’est l’objectif recherché. »
Les formateurs Ponots ont déjà fait le chemin inverse : en 2013, ils ont été visiter une prison en Turquie et une autre en Autriche.
A.L.
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