Chasse : la fédération de Haute-Loire en proie à de vives inquiétudes

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:54

Si pour de nombreux chasseurs, la baisse de moitié du coût du permis de chasse national (de 400 à 200 €) est une excellente nouvelle, les fédérations départementales sont très inquiètes.
"Pour une fédération comme la nôtre, c'est une fausse bonne nouvelle", regrette Louis Garnier, Président de la Fédération de chasse de la Haute-Loire.

----Pourtant, cette réforme vise à "encourager la mobilité des chasseurs" car "deux tiers des nouveaux chasseurs chassent dans plusieurs départements", expliquait la fédération nationale des chasseurs lors de son Assemblée Générale en mars dernier à Lyon, afin notamment d'enrayer la baisse du nombre de chasseurs.-----Les 6 000 chasseurs de Haute-Loire risquent d'abandonner le permis départemental
Il faut dire que la fédération altiligérienne est la plus petite de France métropolitaine, avec 6 000 chasseurs environ. Jusqu'à présent, seuls 400 optaient pour un permis national mais désormais, le coût du permis départemental étant de 195 €, l'écrasante majorité des chasseurs devraient s'orienter vers un permis national, au détriment du permis départemental, ce qui devrait plomber les finances locales. "On va perdre des permis départementaux, c'est inévitable", constate, lucide, Louis Garnier.

Dégâts des grands gibiers : l'ardoise était d'environ 300 000 € la saison passée en Haute-Loire
La principale crainte exprimée par la fédération de Haute-Loire c'est de ne plus être en mesure d'assurer ses missions consistant à régler les dégâts liés au gibier, essentiellement le sanglier en Haute-Loire. Si l'explosion des dégâts qu'il cause est générale à la France, en Haute-Loire on estime que l'ardoise était d'environ 300 000 € la saison passée (terminée le 30 juin 2018), contre 180 000 € l'année précédente.
Des gelées tardives et une absence de fructification dans les bois auraient conduit les animaux à sortir et à ravager certaines exploitations agricoles. L'agrainage n'y serait pas étranger non plus (c'est-à-dire d'attirer le gibier en répandant du grain sur le terrain de chasse). D'ailleurs, face à une population qui a presque triplé en dix ans et des indemnisations pour les dégâts causés qui ne cessent de croître, les pouvoirs publics ont décidé d'organiser des battues et d'autoriser un certain nombre de prélèvements. Une dizaine était recensée fin juin.

Pourquoi ne pas baisser aussi le tarif du permis départemental ?
C'est de prime abord la solution la plus évidente mais le département est alors victime de sa faible démographie. Compte tenu du volume relatif de permis de chasse en Haute-Loire (6 000), une baisse significative (pour maintenir un delta important avec le permis national) ne permettrait pas de disposer des ressources nécessaires pour payer les réparations des dégâts causés par le gibier.

----"Mettre sur le dos des chasseurs la démission de Nicolas Hulot, c'est un peu exagéré"
"Le conflit avec les chasseurs est peut-être la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, mais la question du nucléaire ou du glyphosate, ça a quand même un autre impact que la chasse", relativise Louis Garnier.

-----Le coeur de la question : comment vont être redistribués les fonds des permis nationaux ?
Les difficultés s'annoncent donc "assez aigues" pour le traitement des dégâts de grands gibiers. "Il va falloir de toute façon trouver d'autres pistes, puisque c'est une obligation qui nous incombe", ajoute le président de la Fédération de chasse de la Haute-Loire. Alors comment récolter de nouveaux fonds ? "Peut-être par une participation accrue des territoires", répond-il.
Car le coeur de la question, c'est de savoir comment vont être redistribués les fonds des permis nationaux, entre la fédération nationale, puis les fédérations régionales et départementales. "On ne connaît pas les quotes-parts", répond Louis Garnier, "on craint que ce soit indexé sur le nombre d'adhérents". La Haute-Loire, peu peuplée, serait alors lésée. Reste une dernière cartouche : solliciter une péréquation des fonds entre les fédérations.

Maxime Pitavy

Trois questions à Louis Garnier, président de la Fédération de chasse de la Haute-Loire :

Les petits territoires ruraux, les moins peuplés, victimes de cette réforme ?
Est-ce une bonne nouvelle pour la fédération de Haute-Loire ? Est-ce encore une fois les petits territoires ruraux, les moins peuplés, qui sont victimes de cette réforme ?

La chasse comme levier touristique ?
La Haute-Loire semble être un territoire propice à la chasse. Peut-on en profiter pour faire de cette activité un levier économique en proposant par exemple des séjours et activités touristiques autour de la chasse ?

Que dire aux jeunes pour les inciter à venir découvrir la chasse ?
Portée par une volonté de communiquer vers le grand public, la Fédération Nationale des chasseurs lance une campagne de communication pour combattre les préjugés et changer le regard porté sur cette pratique (on compte aujourd'hui environ 2 % de femmes parmi les chasseurs). Il s'agira notamment de séduire les plus jeunes. 170 candidats ont obtenu l'examen l'an dernier. Alors comment inciter les plus jeunes à découvrir cette activité ?

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