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Brioude va passer de trois groupes scolaires à deux

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:37

Brioude va passer de trois écoles primaires à deux. Ainsi en ont décidé les conseillers municipaux de la majorité, vendredi 4 décembre. Une décision qui a mis le feu aux poudres. Les élus PS et apparentés, comme ceux du Front de gauche, ont quitté la salle au beau milieu de la réunion, « amers » et « écœurés », pour ne pas dire furibonds. La tension était déjà palpable avant même que soient présentés les 5 scenarii de réorganisation des écoles. Leader de l’opposition PS, Jean-Noël Lhéritier a dénoncé un « passage en force » et réclamé en vain que la délibération soit repoussée à une date ultérieure afin d’avoir plus de temps pour étudier les différentes options.
Pourtant, ça faisait plus de 6 mois que le sujet était sur le tapis, comme l’a rappelé Jean-Jacques Faucher en préambule. « Il y a eu des réunions, des conseils d’écoles, des rencontres avec les parents d’élèves, les enseignants, les syndicats… », a indiqué le maire. « C’est une multitude de contacts et d’avis que nous avons écoutés et listés. Rarement il y a eu autant de concertation sur un sujet ».

« Faut-il compter pour les écoles publiques ? »
Première intervention, premières réactions. L’assertion de l’édile a été accueillie par un flot de rires jaunes et de remarques outrées, tant dans les rangs de l’opposition que chez la trentaine de personnes présentes dans l’auditoire. « Si la concertation a été si efficace, comment se fait-il que l’on ait aujourd’hui un positionnement réservé des syndicats, une motion des enseignants, une motion des parents, et une pétition signée par 1500 personnes pour le maintien des trois groupes ? », a objecté Jean-Noël Lhéritier, avant d’évoquer le nerf de la guerre. « Parmi vos arguments en faveur de la restructuration, il y a le montant des travaux d’entretien et de modernisation des bâtiments », a-t-il poursuivi. « L’enseignement primaire est une priorité de l’action communale. Faut-il compter pour les écoles publiques ? Votre argument est fallacieux car la commune a les moyens ».

Deux fois moins d’élèves qu’il y a 40 ans
Sauf que pour l’équipe aux manettes, la nécessité de restructurer les groupes scolaires n’est pas liée aux seules contraintes budgétaires. Certes les locaux sont vieillissants, et rénover, équiper et entretenir coûte forcément moins cher pour deux sites que pour trois, mais d’autres facteurs entrent en ligne de compte. La démographie, par exemple. Selon André Séguy, adjoint à l’éducation, « il y a du volume qui sert à pas grand-chose » puisque Brioude compte aujourd’hui deux fois moins d’élèves qu’il y a 40 ans. Et pour Jean-Jacques Faucher, « rien que ça, ça nous oblige à bouger ».
Ça, mais aussi, et surtout, la prévision formulée début novembre par le directeur académique des services de l'Education Nationale. Celui-ci a en effet indiqué sans ambiguïté qu’il serait très probablement contraint de fermer plusieurs classes dans les 5 années à venir si l’organisation actuelle des écoles n’était pas repensée. « Un discours qui s’apparentait à du chantage », d’après Jean-Noël Lhéritier.

----D’importants travaux vont être engagés à Jules-Ferry-Victor-Hugo et à la Borie-Darles. Ils seraient de l’ordre de 2,4 à 3 millions d’euros, selon les prévisions de Jean-Jacques Faucher, pour qui cette rénovation est un « choix politique fort de la part de l’équipe municipale ». Les travaux seront subventionnés par l’Etat, via la Dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR). C’est seulement lorsqu’ils seront terminés que Jean-Pradier sera « abandonné ». D’ici deux ans, selon toute vraisemblance.----- L’opposition préconise de tout laisser en l’état

« Dans un contexte national où l’on prévoit la création de 56000 postes d’enseignants, il est ambivalent d’envisager la fermeture de classes à répétition à Brioude », a-t-il insisté, rejoint par Françoise Verron, tout aussi sceptique. « Aucune classe n’est au-dessous des seuils de fermeture actuellement », a affirmé la chef de file du Front de gauche. « Le seul scénario qui permet de conserver toutes les classes, c’est le scénario numéro 1 ». C’est-à-dire celui qui consiste à ne rien changer. Défendu par l’opposition des deux bords, il n’a pas obtenu l’aval des élus de la majorité. Pourtant, bien qu’unanimement convaincus que seuls deux sites doivent être conservés, ces derniers n’ont pas voté d’une seule et même voix. Ainsi, 5 d’entre eux ont opté pour le scenario prévoyant une école maternelle à la Borie-Darles et une école élémentaire à Jules-Ferry/Victor-Hugo, tandis que 17 se prononçaient en faveur d’une école primaire sur chacun de ces deux sites. C’est évidemment cette dernière solution qui a été adoptée.

« Ça ne sert à rien de faire du théâtre ».
Et c’est là que le torchon a carrément brûlé jusqu’à la trame. « C’est une atteinte grave aux écoles publiques de Brioude », a asséné Jean-Noël Lhéritier d’une voix où perçaient la déception et l’amertume. « Cette lourde et sombre décision s’inscrit dans un scénario de déclin de Brioude et du Brivadois. Partout les maires se battent pour conserver les écoles et vous, vous vous battez pour les supprimer. C’est à se demander si vous ne faites pas le mandat de trop ». Et de tourner les talons en compagnie des 5 autres élus d’opposition et de la majeure partie de l’auditoire, avant d’être interpelé par un Jean-Jacques Faucher bouillonnant. D’ordinaire plutôt flegmatique, le premier magistrat, une fois n’est pas coutume, est sorti de ses gonds. « Respecte-moi, Jean-Noël », s’est-il emporté. « Tu tiens des propos outranciers et polémiques, tu me fais des attaques personnelles, et tu t’en vas sans écouter mes réponses. C’est un manque de respect complet et un manque de courage qui n’est pas digne de la qualité des débats ». Ayant ainsi acquis l’attention placide de son interlocuteur, le maire est alors revenu avec ferveur sur la politique de la Ville concernant notamment la mise en valeur du centre historique et a évoqué « le maintien du petit commerce, alors que partout ailleurs il disparait, et je crois que j’y suis pour quelque chose ! ». Pour finir, Jean-Jacques Faucher a réaffirmé son ambition : « avoir de belles écoles modernes et fonctionnelles pour faciliter l’enseignement et la pédagogie ». « Voilà ce qu’il s’agit de faire et ça ne sert à rien de faire du théâtre et de partir en milieu de séance », a-t-il conclu tout en regardant l’opposition s’éclipser.

I.A.

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